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Historique

En arrivant à Ardes on s'interroge sur cette ruine située sur un promontoire à l'ouest de la ville. Il s'agit du doigt de Mercœur, forteresse érigéedans la seconde moitié du 12e siècle, détruite pendant les guerres de religion, en 1567 sur ordre royal, il n'en reste que les ruines de l'angle d'un donjon quadrangulaire.
Avec l'installation du nouveau château, le palais des Mercœurs, dans la première moitié du 13e siècle et sous leur impulsion, la ville neuve se développe le long de l'actuelle Grande Rue. A partir du château situé à l'extrémité nord-est d'un relief et en remontant en direction du sud-ouest, les maisons sont réparties, selon un modèle type, de part et d'autre de cette rue principale (Grande Rue). Des traverses (traboules) étaient disposées régulièrement afin de pouvoir circuler perpendiculairement à la Grande Rue ,d'un quartier à un autre, de jeter les immondices, d'évacuer les eaux pluviales et servir de couloir coupe-feux en cas d'incendie, fléau des villes médiévales. Aujourd'hui, seule la base du "palais d'Ardes", détruit en 1633 - 1634 sur ordre de Richelieu, garde le souvenir d'un lieu prestigieux qui vécut les mariages des descendants des Mercoeur, les Dauphin d'Auvergne au 14e siècle puis les Bourbon d'Auvergne au 15e siècle. Elle fut transformée en chapelle funéraire privée au 19esiècle et intégrée à la demeure actuelle.

Les seigneurs de Mercoeur rédigent une charte de franchise en 1338 afin d'attirer une nouvelle population faisant fonctinner l'économie seigeuriale par leurs activités artisanales et commerçantes.
Cette ville neuve était enfermée dans une enceinte. Les traces de ces fortifications sont encore facilement visibles, notamment rue du Vallat. Il y a également deux portes opposées, l'une à la Recluse sur l'ancienne route en direction de la Limagne, l'autre permettant l'échange avec la Ville Basse.
Ardes a connu par la suite deux extensions successives, en montant par le sud-ouest. Son habitat est caractérisé par des maisons hautes, plutôt étroites et assez profondes avec caves en sous-sol parfois reliées les unes aux autres, rez-de-chaussée et deux à trois étages. Construites en pierres jointées et crépies à la chaux, percées de hautes ouvertures ordonnancées le tout surmonté de toitures à faibles pentes, couvertes de tuiles rouges. Ces maison possèdent souvent une cour ou un jardin.
Suivant l'évolution des différents quartiers, la structure urbaine s'est enrichie d'un système de places. Les places de la Fontaine et de la Brèche forment un axe secondaire, orthogonal à l'axe principal permettant la liaison entre la Ville Basse et la Ville Haute tout en assurant l'articulation avec la première extension de la Ville Neuve.

En 1320, par son attractivité administrative, culturel et économique, Ardes peut être considérée comme la 29e ville d'Auvergne.

La ville basse, quartier primitif d’Ardes, s’est développée dans un élargissement de la vallée de la Couze d’Ardes, sur une ancienne route plaine/montagne.

Classée Monument Historique depuis 1920, l’église Saint-Dizaint, dont la construction remonte au 13e siècle, est bâtie à l’emplacement d’un prieuré disparu qui dépendait de l’abbaye de Manglieu (fondée au 7e siècle).

La dédicace à saint Dizain, évêque de Saintonge au 8e siècle, provient d’une tradition selon laquelle durant les invasions normandes des 9e et 10e siècles, saint Adrier aurait transféré dans cette terre de refuge les reliques de l’évêque reposant initialement à Tours.

Dans le premier tiers du 13e siècle, les seigneurs de Mercœur, famille originaire de Blesle, s’installent durablement dans ce secteur stratégique, entre le Cézallier et le val d’Allier, fondant une ville neuve dans la ville haute. Ils décident alors de commander ce lieu de culte pour bénéficier d’un service religieux à la hauteur de leur ascension, installant une communauté de prêtres dès le 14e siècle puis un chapitre de chanoine en 1421.

Son homogénéité stylistique en fait une construction exceptionnelle, déroulant 200 ans de style gothique : commencée au 1er tiers du 13e siècle, dans le style gothique classique, pour la partie chevet et les 2 premières travées Est, elle s’achève au 15e siècle en plein gothique flamboyant, pour la nef, les chapelles, le portail, le porche et le clocher. Les reprises de bâti sont perceptibles au niveau de l’appareillage de pierre, des baies et des décors sculptés.

Également classée Monument historique, la croix en pierre de lave, aux extrémités fleuronnées, est de style gothique flamboyant. Elle représente une vierge allaitant en partie centrale et le tétramorphe à ses pieds (quatre évangélistes sous forme animale).

En août 1660, Louis XIV, par lettres patentes autorise la construction du couvent des Récollets. Ce projet avait reçu la bénédiction de l'évêque de Clermont et le consentement du Duc de Mercœur. Implanté hors des remparts dans la Ville Neuve, il fut définitivement fermé le 18 avril 1788. les bâtiments ont par la suite abrité la justice de paix, le presbytère, la Mairie, la Gendarmerie et la perception. Détruits par un incendie en 1979, cet emplacement accueille actuellement, la Mairie, le siège d'Ardes Communauté et une maison de santé. Seul vestige du couvent, le Beffroi, clocher de la Chapelle, est visible dans l'axe de la place de la Fontaine.

Les armoiries d'Ardes, inscrites à l'armorial général de France en 1698, sont « d'or à 3 faces ondées d'azur ».

Afin de faciliter la liaison avec le Lembron, la nouvelle route d'Ardes à Chabetout et le viaduc de la place croisière ont été réalisés à partir de 1910.

Jusqu'au XVIIIe siècle, Ardes-sur-Couze était une petite cité administrative, un important marché agricole et un gros centre artisanal. C'etait un carrefour entre la population de la plaine et celle de la montagne, la ville tirait sa prospérité grâce aux échanges commerciaux entre la montagne du Cézallier et la plaine d'Issoire.

Les bêtes, bovins et ovins, le beurre et le fromage (dont le fameux Saint-Nectaire) sont descendus de la montagne pour s'échanger contre des céréales, du vin, des vêtements, de l'outillage...Si la montagne était le domaine de la vache salers, les zones basses plus sèches étaient riches d'ovins. L'ardes, aujourd'hui disparue, était une race ovine rustique particulièrement adaptée localement, le commerce en moutons et en laine était alors très important.

La toponymie nous renseigne également sur la fonction des quartier :

  • Le Vallat : du latin vallis et vallum, indique en occitan une vallée, un fossé ou des remparts. Dans le cas présent il s'agit des rempart sud-est de la ville.
  • La Recluse : la chapelle Notre Dame de la Recluse aurait été reconstruite après la Révolution française. Elle est située à l'entrée de la ville, en arrivant par l'ancienne route de Saint Germain-Lembron, face à la porte sud-est du Vallat. Cette localisation, associée au toponyme « recluse », peut laisser à penser qu'il y existait un « reclusoir », dans lequel vivaient des femmes laïques recluses. La recluse était alors accompagnée jusqu'à sa loge à l'occasion d'une importante cérémonie religieuse et, une fois enfermée, elle y restait jusqu'à sa mort. Il existait parfois des hommes reclus.
  • Le Foirail : espace d'entrée du haut de la ville, les foires d'Ardes étaient réputées et essentielles à la vie locale.
  • Le Marché aux Veaux : anciennement place de la Croix, initialement liée au Foirail, transformée par la construction de la halle du même nom en 1939.
  • La Halle : la halle aux grains construite en 1879 a donné sont nom à cette place. Halle devenue La Poste aujourd'hui.
  • La Fontaine : du début du XIXe siècle, de la place éponyme, où sont sculptées les armes du Dauphin d'Auvergne.

 

Pour en savoir plus :

le livre de Georges Soulier

Ardes-sur-Couze, Physionnomie retrouvée de la ville au début du XXe siècle.

Éditions Créer, 2004.